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Le fort de Douaumont

15 août 2011

Le fort de Douaumont est un fort Séré de Rivières situé sur la commune de Douaumont, près de Verdun. Après la guerre de 1870 qui a vu la perte de l'Alsace et de la Moselle, un plan de défense de la frontière est établi par le général Raymond Adolphe Séré de Rivières qui fait construire 38 forts et ouvrages sur un périmètre de 40 kilomètres autour de la ville de Verdun. Parmi eux, le fort de Douaumont est l'ouvrage le plus grand, mais non le plus puissant comme l'affirment certaines cartes postales de propagande. Sa construction commence dès 1885 et se termine fin 1913. Il devient par sa place dans le dispositif, un fort important de la région verdunoise en 1914. Au début de la Première Guerre mondiale, l'état-major français ne croit plus aux fortifications fixes car il pense que seule l'offensive peut procurer la victoire. La destruction des forts franco-belges de la Meuse en 1914 par les mortiers géants allemands et les habiles manœuvres de désinformation renforcent cette idée et le 5 août 1915 est signé un décret autorisant le retrait des garnisons, de l'armement, des munitions et des vivres des forts. Pire encore : des travaux de minage en vue de faire sauter les ouvrages sont entrepris, et des charges de démolition sont posées. Le 25 février 1916, les Allemands attaquèrent en direction du Fort de Douaumont dans le but de porter leurs lignes à environ 600 mètres du fort. Étonnés par le calme régnant dans la région du fort et poussant en avant, ils réussirent à descendre dans le fossé et à rentrer dans les galeries. Les 57 soldats qui occupaient le fort furent faits prisonniers. La perte du fort, important point d'appui, observatoire et abri de premier ordre entraînait pour la défense des conséquences matérielles et morales considérables. Les Allemands organisent tout de suite la défense du fort de Douaumont. Dans la soirée du 25 février, ils sont 19 officiers et 79 sous-officiers et hommes de troupes de cinq compagnies différentes à occuper Douaumont. Le fort devient le pivot de la défense allemande sur la rive droite de la Meuse (près du fort de Vaux). Le 8 mai 1916, la vie du fort, alors occupé par les Allemands, fut troublée par un événement imprévu. La veille, les bombardements avaient été très violents. L'ouvrage avait reçu les blessés, un bataillon au repos et de nombreuses troupes se trouvaient dans le fort. À 6 heures du matin, une violente explosion, celle d'un dépôt de grenades, mit le feu à un dépôt de lance-flammes. Cette explosion est due a une erreur humaine. Les pertes furent lourdes, les Allemands commencèrent à enterrer les morts mais comme on en retrouvait toujours, le commandement les fit placer dans deux casemates qui furent murées. Des 800 à 900 soldats qui périrent, 679 sont enterrés derrière cette croix : c'est le cimetière allemand du fort. Le 24 octobre 1916, le fort fut repris, entre autres, par le régiment d'infanterie coloniale du Maroc ren­forcé de Tirailleurs sénégalais et somalis, faisant partie des divisions Mangin : "Le 24 octobre 1916, renforcé du 43e bataillon sénégalais et de deux compagnies de Somalis, a enlevé d’un admirable élan les premières tranchées allemandes ; a progressé ensuite sous l’énergique commandement du colonel Régnier, brisant suc­cessivement la résistance de l’ennemi sur une profondeur de deux kilomètres. A inscrit une page glorieuse à son histoire en s’emparant d’un élan irrésistible du fort de Douaumont, et conservant sa conquête malgré les contre-attaques répétées de l’ennemi. "Décret du 13 novembre 1916 avec attribution de la Légion d’honneur Ordre du jour du général Nivelle, le 25 octobre 1916, remerciant les troupes qui ont repris le fort de Douaumont : "Officiers, sous-officiers et soldats du groupement Mangin, en quatre heures, dans un assaut magnifique, vous avez enlevé d'un seul coup, à notre puissant ennemi, tout le terrain, hérissé d'obstacles et de forteresses, du nord-est de Verdun, qu'il avait mis huit mois à vous arracher par lambeaux, au prix d'efforts acharnés et de sacrifices considérables. Vous avez ajouté de nouvelles et éclatantes gloires à celles qui couvrent les drapeaux de Verdun. Au nom de cette armée, je vous remercie. Vous avez bien mérité de la Patrie." Le 14 décembre 1916, un obus allemand de 420 mm tombe dans une casemate et tue 21 soldats. On put en sortir quatorze pour les enterrer à l'extérieur, les sept autres, dont les noms sont inscrits sur une plaque, furent déchiquetés et reposent encore derrière ce mur épais qui mure maintenant la casemate. Douaumont coûta, d'après le général Pétain, 100 000 morts à la France, et aura été pris et repris sans combat. Le fort fut également utilisé au début de la Seconde Guerre mondiale en 1940. Le fort de Douaumont n'est pas l'ouvrage armé le plus important et le plus puissant de toute la région de Verdun, bien qu'il présente sur une longueur de 400 mètres et plusieurs kilomètres de galeries sur ces deux niveaux inférieurs. Il demeure un des forts les plus vastes de la place de Verdun avec une superficie de trois hectares. Son artillerie composée d'une tourelle de 155C, une tourelle de 75 et une casemate de flanquement dite "de Bourges" armée de deux canons de 75 sur affûts appropriés, est inférieure aux forts de Vacherauville (deux tourelles de 155, une de 75 et deux casemates de Bourges) et du Rozelier (possédant le même armement que Douaumont mais possédant en plus des canons sur sa périphérie). La carapace de protection du fort de Douaumont est épaisse de plus de six mètres (pierres, sable, béton spécial et terre), mais a, en grande partie, disparu suite aux divers bombardements et au prélèvement du sable pendant l'occupation allemande durant le premier conflit mondial. Le fort permettait de loger 800 hommes environ mais en 1916, il y en eut parfois jusqu'à 3 000, voire 3 500. Après la reprise du fort par les troupes françaises de nombreux travaux de renforcement et de défense furent entrepris. Par exemple dans le couloir central, il y a des chicanes avec des créneaux pour mitrailleuses et grenades. Dans certaines "niches" se trouvent des échelles grâce auxquelles on accède aux étages inférieurs. Malgré le bombardement, le bruit à l'intérieur du fort restait diffus et sourd, tant que les obus explosaient à l'extérieur et n'arrivaient pas à pénétrer dans les œuvres vives du forts.